Jimmy Jean-Louis, figure emblématique du cinéma international, s’est imposé comme une voix incontournable de la diaspora haïtienne. Dans son autobiographie Héros, il retrace son parcours, des ruelles de Port-au-Prince aux plateaux de tournage d’Hollywood. De son rôle culte dans la série Heroes à son incarnation magistrale de Toussaint Louverture, Jimmy mêle art et engagement avec brio.
À travers ses choix de rôles et son implication humanitaire, il incarne une véritable quête d’identité et de résilience. Son engagement humanitaire, son parcours illustre et sa volonté inébranlable font de lui un acteur appart et un fervent défenseur de la cause Haïtienne. Son autobiographie Héros est poignante, un témoignage vibrant plein de résilience et de foi en ses rêves, et une vraie inspiration pour affronter les défis de la vie.
Votre livre commence avec votre enfance en Haïti. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant cette période ?
Le rapport humain ! C’est quelque chose qui m’a profondément marqué durant mon enfance. Les conditions dans lesquelles nous vivions – sans eau ni électricité – nous ont rapprochés les uns des autres. En Haïti, il y avait une vraie notion de respect et de partage entre tous. Le football faisait partie de ces moments d’échange pour beaucoup d’enfants, on jouait pieds nus. Lorsqu’il pleuvait c’était aussi l’occasion de prendre une véritable douche, faute d’eau à la maison. Le respect envers les autres, qu’il s’agisse des parents ou des voisins, est une valeur que mon enfance m’a inculquée et que je porterai toujours en moi.
À quel moment avez-vous ressenti que votre carrière prenait un tournant décisif ?
Quand j’ai quitté Paris pour jouer dans un théâtre musical en Espagne, j’ai réalisé que ma carrière prenait une nouvelle direction. Puis, en arrivant à Hollywood, les premières années étaient difficiles, puis j’ai obtenu des rôles dans des films importants, comme Point d’impact aux côtés de Jean-Claude Van Damme en 2001, ou Les Larmes du soleil avec Bruce Willis et Monica Bellucci. Là je me suis dit que je pouvais avoir une carrière dans le cinéma ! Ces expériences ont marqué le début de ma carrière et m’ont poussé à laisser le mannequinat pour me consacrer pleinement à l’acting. La série Heroes a également eu un impact immense en me faisant connaître mondialement.
Pourquoi avez-vous décidé de publier Héros, votre biographie témoignage, maintenant quel a été le défi le plus difficile à raconter dans ce livre ?
Je voulais laisser une trace de mon parcours, de mon passage des bidonvilles de Pétion-Ville à Hollywood. C’est un travail de transmission. Mais ce projet est aussi né d’un moment personnel difficile entre 2020 et 2024 : la perte de mon frère en 2022 et mon fils, atteint d’un cancer, et dont je savais que les jours étaient comptés. Ce livre est une manière de raconter mon histoire avec transparence, en parlant de mes épreuves, mes voyages et ce qui a façonné l’homme que je suis aujourd’hui. Je me suis donné à fond, sans filtre, sans fard, porté par l’énergie de mon fils et de mon frère, qui m’ont accompagné tout au long de ce récit.
L’espoir est un thème central de votre récit. Comment le cultivez-vous au quotidien ?
L’espoir m’a toujours donné la force de surmonter les épreuves. Comme on dit, “l’espoir fait vivre” – et cette phrase résonne profondément en moi. Même dans les moments les plus difficiles, j’ai su rester positif et croire en des jours meilleurs.
Comment avez-vous obtenu le rôle de l’Haïtien dans Heroes, et qu’a-t-il représenté pour vous ?
Le travail a été la clé. J’avais déjà joué dans plusieurs films avec des acteurs majeurs comme Harrison Ford. Pour Heroes, j’ai passé plusieurs essais avant de décrocher ce rôle, initialement écrit pour un personnage néo-zélandais. Mais lorsque je l’ai obtenu, la production a décidé de rendre le personnage haïtien, ce qui a donné une nouvelle dimension à mon implication.
Quel impact la série a-t-elle eu sur votre carrière aux États-Unis et à l’international ?
La série a eu un impact énorme. C’était l’une des plus regardées au monde, et elle m’a permis d’être associé à la figure d’un héros haïtien. Grâce à ce succès, j’ai pu travailler à l’échelle internationale et réaliser un objectif personnel : qui était de tourner un film dans chaque continent par an.
Jouer Toussaint Louverture est un défi. Comment vous êtes-vous préparé pour incarner ce héros historique ?
C’était effectivement un immense défi. Incarner celui qui a libéré Haïti et s’est battu pour l’égalité était très symbolique pour moi. J’ai énormément travaillé pour être à la hauteur des attentes. J’ai aussi été profondément inspiré par ma rencontre avec Nelson Mandela, qui m’a confié en 1994 que les héros haïtiens figuraient parmi ses modèles.
Qu’est-ce qui vous a le plus inspiré dans le parcours de Toussaint Louverture ?
Son ascension ! Passer du statut d’esclave à celui de libérateur est une histoire fascinante. Ce qui m’inspire le plus, c’est qu’il ne cherchait pas le pouvoir, mais plutôt la paix et l’égalité entre les peuples.
Vous avez travaillé avec des acteurs et actrices de renoms comme : Bruce Willis, Jennifer Lawrence, Ryan Gosling, Jennifer Lopez ou Monica Bellucci. Quelle expérience vous a le plus marqué ?
J’ai appris de chaque expérience, mais ma rencontre avec Nelson Mandela reste incomparable. Après avoir échangé avec lui, même les rencontres avec de grandes stars paraissent moins impressionnantes.
Y a-t-il un rôle ou un projet qui vous a particulièrement transformé en tant qu’acteur ?
Chaque rôle m’a appris quelque chose, mais Toussaint Louverture a été plus qu’un rôle : c’était une rencontre avec l’histoire. Ce projet m’a transformé, autant en tant qu’acteur qu’en tant qu’homme.
Quels sont vos projets à venir ?
Je travaille actuellement sur le film KILLING OF A NATION, tourné au Panama sur l’assassinat du président haïtien aux côtés de Aïssa Maiga. J’espère que ce projet mettra en lumière cet événement tragique. Deux autres films, Au revoir et Mélodrama, devraient également sortir l’année prochaine. Par ailleurs, j’écris toujours, car cela reste essentiel pour moi.
Par Sandra Fourqui
Rubrique : Liberty’s people
Photographe : Sandra Fourqui @sandrafourqui
Makeup : Aziza @azizamakeupartist @typology @zaomakeup_official
Remerciements à l’hôtel Le Roch 28 Rue saint Roch
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Crédit vêtements : Lacoste pour toutes les photos
