L’ailleurs. Quelles qu’en soient les motivations, il nous appelle dès l’adolescence. Un semestre d’étude, un séjour linguistique, un amour à rejoindre, un premier job. Appel du large, émancipation, rêve à poursuivre.
« Un jour j’irai, un jour je ferai … » Idéal pour certains, image souveraine pour d’autres, New York reste un fantasme commun pour bon nombre d’entre nous. Cité de tout le monde, elle n’appartient à personne. Peut-être à l’imaginaire collectif. Pour nous, elle fut la liberté.
Nous. Gabriel, Jason, Christelle, moi et les autres. Les protagonistes d’une chronique où les destins se croisèrent au hasard des rencontres. Nous sommes arrivés puis repartis les uns après les autres et bien qu’étant une époque révolue depuis des années, c’est comme si une part de nous était restée là-bas, quelque part entre Bleeker Street et Ludlow. Notre New-York n’existe probablement plus que dans un souvenir cristallisé mais certains voyages ne se font pas au présent.


« Quiconque y passe une saison se l’approprie pour toujours et demeure New-Yorkais à jamais. »
Emportés par un tourbillon qui nous dépassait, nuit après nuit, avec pour seul capitaine le temps de l’aventure. Souvenirs en échos et amours brisées, entre les sirènes des voitures de police et le bruit des portes du métro qui se referment. Le blizzard qui nous transperce l’hiver comme des lames acérées. Le craquement de mes pas dans la neige en rentrant la nuit à Brooklyn, la graisse des bacs de plonge dans les restaurants, Coney Island et Brighton
Beach, le F train, le labo photo sur la 23e, faire du yoga et boire de la tequila.
Effervescence et frénésie. Navigant sur les eaux sensibles de la quête d’un idéal quelque part entre l’exaltation et le désenchantement, New York fut à la fois notre meilleure amie et notre pire ennemie. Ville de tous les excès, elle était, comme nous à bien des égards, faite de contradiction et d’ambivalence. Quiconque y passe une saison se l’approprie pour toujours et demeure NewYorkais à jamais.
@carofaiola