Nathalie Péchalat est une figure emblématique du patinage artistique français et une athlète au parcours exceptionnel. Double championne d’Europe et médaillée mondiale, elle a marqué le monde du sport par son talent et sa persévérance. Depuis sa retraite des compétitions, Nathalie s’est engagée dans de nouvelles missions avec la même passion qui a fait d’elle une championne.
À la tête de l’association Premiers de Cordée, elle œuvre pour offrir aux enfants malades et handicapés l’accès au sport. Nathalie Péchalayt est alors convaincue des bienfaits physiques et moraux de l’activité physique. Grâce à son leadership et son humanité, Nathalie continue d’inspirer. Que ce soit sur la glace, à travers ses initiatives sociales, ou par ses réflexions profondes sur la confiance et la résilience partagées dans son livre Le Bénéfice du Doute. Un vrai coup de cœur !


Cela fait maintenant deux ans que vous êtes à la tête de l’association Premiers de Cordée. Une association qui aide les enfants malades et handicapés à s’initier au sport. Pouvez-vous nous parler de la mission que vous menez au sein de l’association, et de l’impact que vous souhaitez avoir ?
La mission d’intérêt général de Premiers de Cordée est d’apporter le sport auprès des enfants hospitalisés, parfois en situation de handicap. Ils sont isolés, loin du terrain sportif. L’idée est donc que nous leur ramenions des éducateurs, du matériel, un espace afin de faire entrer le sport dans leur quotidien pour qu’ils se sentent bien physiquement, mentalement. Et ainsi cela permet de s’évader le temps de cette session sportive. On est présents sur l’ensemble de la France. Notre but est de développer l’association dans le plus grand nombre d’établissement possible pour que chaque enfant des services pédiatriques puisse : bouger, s’amuser, peut-être même avoir le goût du sport. Quand la guérison est possible, de vouloir poursuivre la pratique d’une activité physique régulière.
Pensez-vous qu’au-delà des bienfaits physiques, le sport peut aussi avoir des bienfaits moraux ? Et peut être utiliser comme un outil de lien social pour les enfants hospitalisés ?
Oui, complètement. Le sport sert à ça et l’hôpital en a grandement besoin ! Cela permet aux enfants des différents services de se rencontrer. Ce lien leur apporte une cohésion sociale, du partage, de la joie, de la convivialité, même avec les soignants, les éducateurs et les bénévoles de Premiers de Cordée. L’idée est de se dépasser, mais surtout d’aller vers l’autre, de comprendre à quel point ça nous fait du bien. Ça participe à l’épanouissement personnel. On est vraiment sur le volet santé, bien-être, et évidemment pas sur la performance – encore que, il y a aussi des possibilités pour ceux qui sont à fond.
Est-ce délicat de travailler avec des enfants, ou votre rôle de maman vous aide-t-il à franchir les éventuels obstacles ?
Travailler avec des enfants n’est pas délicat. C’est simplement adapter sa pédagogie. L’objectif est de pouvoir les aider à atteindre leurs objectifs quels qu’ils soient, pouvoir les accompagner au mieux. Je pense plutôt que c’est l’inverse. C’est le fait d’avoir travaillé avec des enfants qui m’a aidée ensuite dans la maternité.
Votre carrière en patinage artistique a été couronnée de succès. Quel a été le moment le plus marquant de votre parcours ?
Le moment le plus marquant de ma carrière est sans aucun doute les championnats du monde à Nice en 2012. C’était à domicile et qu’on avait énormément de supporters français, nos familles et nos proches. Le public tapait dans leurs mains et sur leurs pieds avec une telle énergie que sur la glace avec mon partenaire Fabian, on n’entendait plus du tout la musique. On était obligés de s’appuyer sur le rythme du public, on était en total communion avec eux. C’est aussi bien sûr notre première médaille mondiale, donc ça a une saveur particulière.
Vous avez beaucoup voyagé et concouru à l’international. Quelle influence ces expériences multiculturelles ont-elles eue sur votre vision du sport et de la vie en général ?
C’est vrai que j’ai beaucoup voyagé. Tout au long de ma carrière, je suis allée dans des pays quasi-inaccessibles, comme la Corée du Nord par exemple. J’ai fait beaucoup de spectacles en Asie, j’ai vécu à Moscou et à Detroit. Effectivement, c’est assez riche en termes de culture, notamment sportive. Forcément, ça m’a apporté une ouverture d’esprit et une compréhension du monde. On a souvent nos propres points de vue, avec nos normes, nos habitudes. C’est bien de voir comment ça se passe à l’étranger, c’est bien de s’inspirer de ce qu’ils font de mieux.
On se rend aussi compte qu’en France, on a de vraies qualités, de vrais atouts. Je pense qu’on a beaucoup de chance d’être en France. Lorsqu’on veut pratiquer du sport, quel qu’en soit le moteur ; la santé, la compétition, le bien-être, ou pour vivre un moment de convivialité et de partage, tout est possible ici. C’est vraiment la force de la France. Après, on manque d’infrastructures sportives et heureusement, on n’est pas dans la performance à tout prix. Mais ça n’est pas un modèle parfait. C’est forcément perfectible. J’ai adoré découvrir comment cela se passait à l’extérieur de nos frontières.

Après des années de compétition, vous avez pris la décision de vous reconvertir. Qu’est-ce qui a motivé cette décision et quel a été votre ressenti durant cette transition ? Vous êtes-vous sentie soutenue ?
L’arrêt de la carrière ne s’est pas fait sur un coup de tête. On l’avait planifié après les Jeux Olympiques de Vancouver de 2010. Généralement, une olympiade est aussi une unité de mesure pour un sportif de haut niveau. Nous, on savait qu’on allait arrêter en 2014 après les Jeux Olympiques de Sochi en Russie. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont toujours dit qu’une carrière de sportif de haut niveau est très courte, et qu’il fallait avoir des bagages pour après. J’avais passé des diplômes à l’école de commerce EM Lyon.
J’ai aussi poursuivi mes études à l’Académie desFinances de Moscou. Ça a toujours été important pour moi d’avoir cet équilibre et cette possibilité de reconversion pour ne pas être en panique quand tout s’arrête. D’ailleurs, ça s’est très bien passé. J’ai trouvé ça assez agréable d’arrêter de se focaliser sur les entraînements, les compétitions, mon régime alimentaire, mon sommeil, et de revenir à une vie plus normale, avec les Noël en famille, la possibilité de se soigner sans craindre les contrôles antidopage, voir ses amis même en semaine. J’ai trouvé ça assez merveilleux, l’après.
Le patinage artistique a beaucoup évolué au fil des années. Quels changements avez-vous remarqués et quels impacts ont-ils eu sur les athlètes actuels ?
Le patinage a beaucoup évolué, notamment en termes de notation. Il y a vingt ans, il a eu un grand virage de prit pour prévenir la corruption. Du coup, c’est devenu un sport de plus en plus objectif, même si ça reste un sport artistique, donc à jugement humain. Ça a fait grimper, je pense, les compétences des patineurs sur le plan technique : les portés, les sauts, les pirouettes. Le petit bémol est que tout est très codifié donc ça laisse un peu moins de part à l’inventivité. En tout cas elle est très rare et vraiment sur le haut du panier !
Il y a aussi eu beaucoup de changements sur le style de musique, avec le droit aux paroles. On a de plus en plus de chansons très modernes, on sort un petit peu du ballet classique. Il y en a pour tous les goûts, c’est ça qui est intéressant en patinage. Lescostumes, évidemment, ont eux aussi évolué. Il y a eu des modes avec plein de froufrous, de volants et de paillettes. Aujourd’hui, on est sur quelque chose qui peut être plus sobre. C’est un sport qui est intéressant parce qu’à chaque fois, on passe un palier, comme les quadruples. On dit que ça ne va pas être possible de faire autre chose. Et puis finalement, on se rend compte que les limites jusqu’à présent sont toujours poussées.
Quel rôle pensez-vous que le sport joue dans la société d’aujourd’hui, en particulier pour les jeunes générations ?
Le sport peut avoir plusieurs fonctions. En fait, ça dépend ce que les jeunes, comme les moins jeunes, cherchent en termes d’épanouissement personnel, de bien-être, de partage, de rencontre, d’échange, de performance, de dépassement de soi. Je pense que chacun, en fonction de ses besoins et de ses envies, détermine lui-même pourquoi il a besoin de faire une activité physique régulière. Chez les jeunes, je pense qu’il y a aussi un côté éducatif qui est extrêmement intéressant ; le respect de l’autorité, de l’adversaire, du partenaire, des règles.
Finalement, dans le sport, on a tous le même cadre, les mêmes conditions, et c’est pour ça que le sport est super accessible quelle que soit sa classe sociale ou sa localisation. Il y a toujours une activité physique qu’il est possible de pratiquer. Si on vise la performance, il y a des chemins qu’on peut prendre si on a envie d’aller dans cette voie-là. Je pense que pour les jeunes le volet éducatif est extrêmement important, au-delà de les rassembler autour d’une même passion. Quand on est adolescent et qu’on a une passion, qu’elle soit sportive ou artistique, ça empêche généralement de faire pas mal de bêtises. Ça permet d’être cadré, c’est un vrai plus.


Vous êtes aussi auteure du livre « Le bénéfice du doute », dans lequel vous explorez votre rapport au doute etpersonnifiez ce sentiment en l’appelant « Monsieur Doute ». Quels sont les principaux messages que vous souhaitez transmettre à vos lecteurs à travers ce livre ?
Le principal message que je veux faire passer avec Monsieur Doute, c’est qu’il peut être notre meilleur allié. Si on le sort du placard, qu’on regarde sa façon de fonctionner, de s’exprimer, peut- être aussi de prendre le pouvoir sur nous, et à partir du moment où on arrive à l’apprivoiser, il est d’une utilité exceptionnelle. Il nous pousse à nous remettre en question, à revoir nos positions. Il arrive à nourrir des convictions, à construire de la confiance en soi et dans l’autre. Pour moi, c’est un petit personnage qui est apparu à l’adolescence, parce qu’enfant, forcément, on n’est pas dans le doute, mais dans le plaisir et dans le jeu. Au fur et à mesure que les enjeux apparaissent, Monsieur Doute est sur notredos.
Le moment où j’ai compris qu’il m’était utile dans ma vie comme dans ma carrière, il est devenu un compagnon. Je ne dirai pas un compagnon inséparable, car il y a des moments où il faut apprendre à le mettre de côté. Tout est une question de timing. En tout cas, on peut former une équipe et en rester maître. C’est très important de ne pas se laisser manger à n’importe quel moment par ses doutes. Surtout en patinage, quand on doit exécuter un programme de quatre minutes où on doit démontrer toutes nos compétences, il n’y a plus de temps pour douter. Le doute est partout, il est humain et je le vois d’une manière très positive. D’ailleurs, si je ne le vois pas pendant une longue période, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas bien, donc je le convoque !
Comment avez-vous trouvé le processus d’écriture ? Était-ce une forme de thérapie, de réflexion ou d’introspection pour vous ?
Pour écrire ce livre, je me suis appuyée sur les messages que je faisais passer lors de conférences qui portaient le même nom : Le Bénéfice du Doute. Quand j’étais en conférence, c’était sur une saison sportive, alors que ce livre m’a permis de reprendre du départ, donc à sept ans, quand j’ai commencé le patinage. Ça a été un travail d’introspection, de réflexion. J’ai été aidée par une auteure, mais j’avais la structure bien en tête. Je voulais absolument que ce soit un livre positif, qui puisse faire écho pour n’importe qui dans n’importe quelle situation, même si je m’appuie sur mon expérience, avec mes anecdotes liées au patinage, sur des études, ma vie familiale, ma vie personnelle aussi parfois.
Ça a été intéressant de redérouler tout le film et de regarder tout ça avec un regard d’adulte où la carrière est derrière moi. À titre personnel, j’ai trouvé ça extrêmement intéressant de comprendre les choix que j’ai pu faire, de redérouler le chemin. Finalement, on se rend compte que dans le sport de haut niveau, comme dans la vie en général, ce qui est important est de garder en tête qu’on fera les comptes le dernier souffle venu. Avant ça, il y a plein d’action, de petits choix ponctuels au quotidien, des grandes décisions à prendre. Ce n’est jamais terminé, il y a toujours quelque chose qu’on peut faire pour progresser, améliorer, transformer, changer, faire évoluer. Finalement, quand on regarde ce qu’il se passe derrière, je trouve qu’on est plus outillé pour l’avenir.
Tout au long de votre carrière, vous avez réalisé des rêves ambitieux. Qu’est-ce qui vous a aidé à maintenir cet état d’esprit audacieux ?
Par rapport aux rêves audacieux, le point de départ a toujours été la passion. J’ai tout de suite aimé le patinage, et j’ai aimé progresser avec lui. C’est tout simple, mais dans le sport de haut niveau, dès lors où l’on stagne, forcément les concurrents continuent de progresser, et mathématiquement, on régresse. Donc, enfant, je n’avais pas forcémentenvie d’être championne du monde ou d’être la première. J’avais juste envie de faire le meilleur de ce dont j’étais capable. J’ai toujours essayé de repousser les limites, de me dépasser, de m’entourer des bonnes personnes, de faire les bons choix, même si les choix peuvent être extrêmement difficiles et avoir un impact sur toute notre vie et parfois même sur d’autres personnes indirectement.
Je reviens toujours aux intentions de départ qui sont, pour moi, extrêmement importantes. Dans mon cas, pour cette carrière, ça a été la passion de se renouveler, d’aller chercher les compétences là où elles étaient, de prendre des risques, de ne pas simplement faire ce qu’on attendait de moi. Pour moi, la priorité était d’évoluer, je n’avais pas d’objectif en ligne de mire et donc je n’ai jamais été prête à tout pour atteindre mon objectif.
Ça, c’est extrêmement important pour moi. Ce qui m’intéressait, c’était d’abord de faire ce que j’aime et de m’exprimer sur la glace avec mon partenaire comme je le souhaitais, et parfois de sortir de ma zone de confort. Ça, c’est une notion extrêmement importante que j’ai apprise aux États-Unis. C’est super parce que ça tue l’ennui, et on grandit. C’est chouette !
Quel mental doit avoir un sportif de haut niveau ?
Un sportif de haut niveau doit avoir un mental, tout court. Ce n’est pas lequel, c’est DU mental. Il faut être prêt à se prendre des coups, à en donner. Il ne faut pas se laisser faire marcher sur les pieds. Quand on sait ce qu’on veut, il faut être capable de s’exprimer et de mettre les moyens de notre ambition en route. On tombe, on se relève. On perd, on apprend. On gagne, il faut garder les pieds sur terre. Pour moi, un bon sportif de haut niveau est quelqu’un qui a à la fois la tête dans les étoiles, mais surtout les pieds sur terre, et qui va voir pas à pas comment il va arriver à se développer. C’est toujours important d’avoir des priorités de vie. Savoir ce que je priorise à quel
moment, sachant que ces priorités peuvent être sans cesse mises dans un autre ordre. Pour moi, ça fait partie d’un moteur de performance, avant même l’objectif.
Si vous pouviez donner un conseil à la Nathalie Péchalat qui débutait sa carrière de patineuse, quel serait-il ?
Si j’avais un conseil à donner à la Nathalie enfant, ça serait de se faire confiance, de ne pas mettre toute sa confiance en une personne, d’apprendre à dire non, ne pas avoir peur de s’affirmer, ne pas accepter l’inacceptable, et rêver de l’inimaginable.
Pouvez-vous nous donner votre ressenti pendant les Jo 2024 en tant que présidente déléguée du Club France ?
Le Club France a été intense en émotions. Déjà, lorsqu’il a fallu définir le concept et le rendre réalisable, c’est-à-dire 2 ans au préalable. Il a fallu penser et équiper les 55.000M2 à la Villette pour célébrer de l’Équipe de France, diffuser les compétitions et promouvoir le sport. Ensuite, pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques, la ferveur, la joie, l’esprit fraternel et la fréquentation ont été au-dessus de nos espérances !
C’était une vraie fête, on a vibré, pleuré, ri, crié ! Le stress du lancement passé, j’ai pris conscience à quel point c’est rare dans une vie d’avoir autant d’énergie positive. Ça a fait du bien à tous ceux qui étaient présents : les athlètes, leurs proches, les partenaires, les médias, le grand public… C’était mon seul objectif : rendre les gens heureux grâce à l’esprit sportif.
Pour finir sur une touche beauté, quelle est votre routine beauté ?
Je n’ai pas de routine, j’aime bien simplement mettre un peu de sérum et de la crème hydratante, mais je peux changer de marque comme ça, au gré de mes envies. Si je veux être un peu apprêtée le jour, je mets du mascara et un peu de blush. Le soir, j’aime bien le trait d’eye-liner ou le rouge à lèvres.
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Lisa Galstian & Sandra Fourqui