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HUGO MATHA , Interview Coup de Coeur

HUGO MATHA , Interview Coup de Coeur

Etoile montante de la mode et grand coup de coeur de la rédaction, Hugo Matha nous parle des siens et nous laisse pénétrer son univers . Avec nous, il évoque ce qui l’inspire et le fascine au quotidien .

Hugo Matha enchaîne les projets. En 2013, il surprend avec une collection de sacs et pochettes en bois, en Plexiglas et en ardoise. En 2017, le prodige dessine pour le personnel de l’Hôtel de Crillon une nouvelle garde-robe à la hauteur de l’élégance et du savoir-faire du palace Parisien.

En juin 2018, il créée la marque décalée Air Brigitte et propose un univers bleu ciel et poétique. Pour ce projet mode et lifestyle, il collabore avec une foule de marques et de créatifs dont American Vintage, Maison Ullens ou encore l’artiste Mathias Kiss. La marque décolle au célèbre concept store Montaigne Market où elle dispose même d’un pop-up store entièrement dédié tout au long du mois d’octobre 2018.Avec nous, il évoque ce qui l’inspire et le fascine au quotidien.

  • Nous l’avouons, tu es notre gros coup de coeur mode du moment. Et toi, peux tu nous parler de ton premier coup de foudre ? Hugo Matha : J’ai une fascination pour le panier à salade. C’est un objet coup de coeur parce que j’adore les Mythologies de Roland Barthes. C’est un mec un peu extraordinaire. J’ai construit tout mon travail autour de ses écrits. Je suis fasciné par tous les objets du quotidien et leur ergonomie. Je trouve la démarche incroyable car les objets les plus simples sont vraiment les plus durs à faire pour moi. Toute la recherche de mon travail, c’est de travailler sur les matières, le côté architectural, la simplicité, d’épurer le sac pour en faire quelque chose d’ergonomique. Comme je suis un peu bordélique, l’idée c’est de proposer un sac que tu puisses poser sur ta table en rentrant chez toi pour qu’il devienne un objet à part entière, entre l’objet de design et le sac. En ce moment, je travaille sur des carbones, des matières issues de l’architecture, de l’automobile ou des bateaux. Ce sont vraiment des matières hyper innovantes pour développer des sacs autonomes qui auront certaines facultés technologiques.
  • Tu travailles avec des artistes d’horizons très différents, notamment Mathias Kiss dont on a pu voir les installations au Palais de Tokyo ou le calligraphe Nicolas Ouchenir. Quel artiste t’inspire en ce moment ? Hugo Matha : Je suis fasciné par Daniel Arsham, toutes les matières qu’il travaille, les plâtres, le verre… J’adore aussi Richard Serra et ses sculptures monumentales incroyables dans lesquelles on peut entrer et vivre une vraie expérience dans l’œuvre. Il y a aussi Pierre Soulages qui est Aveyronnais comme moi. J’adore ses profondeurs de noir, ses textures, les Eaux Fortes. J’aime aussi Frank Gerhy pour le mélange de matières et la technique, les lignes et l’angle droit. Je fais souvent des musées et des collections particulières. J’adore le Musée de Frank Gerhy à Bilbao, la Fondation Vuitton qui est assez incroyable. Je visite aussi la Galerie Perrotin.
  • Parmi toutes ces collaborations que tu as mises en place, notamment avec des marques assez surprenantes comme Eastpak, laquelle a été la plus stimulante ? Hugo Matha : Toutes ont été assez fun et assez drôles. J’ai contacté les marques avec un message qui présentait le concept : “Pour les filles de l’air et les garçons qui se prennent pas trop au sérieux, qui veulent vivre les cheveux aux vent. Ne manquez pas d’air”, un truc comme ça, ridicule. Ils m’ont répondu tout de suite “ok, on se voit quand?”  Ça a été assez fascinant la façon dont les choses se sont faites. Le concept d’Air Brigitte, c’est vraiment un truc drôle, léger, pour rigoler et établir une vraie collaboration entre copains. Ce sont toutes des marques avec lesquelles j’avais envie de travailler et ça s’est fait par Air Brigitte. Air Brigitte, c’est vraiment une fake compagnie qui fait voyager tout le monde.

« La simplicité est toujours le plus difficile à créer et les lignes les plus simples sont toujours les plus dures à sortir ».

Hugo Matha
  • Tu voyages souvent. Ça a d’ailleurs été l’inspiration principale pour Air Brigitte. Parmi tous les lieux que tu as visités, quelle a été ta destination coup de coeur ? Hugo Matha : J’adore l’Inde et j’y vais chaque année. Je m’y ressource. C’est un pays fabuleux culturellement. C’est à l’inverse de la personne fofolle que je suis. Je ne m’arrête jamais et j’ai besoin d’avoir ce temps là pour me reposer en Inde. J’adore l’Asie. J’ai travaillé un an en Chine et j’adore ce pays. J’adore Shanghai, la démesure, l’ébullition dingue. J’aimerais visiter la Chine profonde, voir les forêts, les fleurs… J’adore voyager, rencontrer des cultures, découvrir plein de choses et ne pas seulement s’enfermer dans un palace. Je parle de vrai voyage, de partir avec un sac à dos, d’aller voir l’habitant, ça crée une ouverture et ça donne envie de faire plein de choses. J’adore prendre l’avion, il n’y a pas de réseau, il fait toujours beau, ça fait du bien. Il y a un truc très excitant dans le fait de prendre l’avion, de presque sexuel, assez fantasmagorique, il peut se passer plein de choses dans un avion.
  • Dans Krushing, on parle surtout de mode mais aussi de musique. Qu’est ce que tu écoutes en ce moment ? Je suis très vieille chanson française. J’adore Barbara. C’est une des seules femmes que j’aurais adoré habiller. Tout le monde la trouve triste mais elle a beaucoup de jeu et d’humour. Il y a de la malice dans ses chansons. Aujourd’hui j’adore Clara Luciani que je trouve hyper sympathique. J’adore aussi Fishbach. Je suis allé la voir en concert. Il y a vraiment un renouveau artistique en France aujourd’hui. On a enfin une nouvelle scène française qui n’a pas honte de chanter en français. Ça fait du bien de voir toute cette jeunesse française et cette ébullition assez intéressante.
  • Il parait que tu avais cuisiné toi-même le buffet pour ton premier déjeuner presse. En bon épicurien, as-tu un restaurant à nous conseiller à Paris pour une sortie entre amis ou un dîner romantique ? Je cuisinais chaque fois pour les journalistes quand je présentais une collection.  Je cuisinais des pot au feu, des plats très aveyronnais. Mon père est vigneron donc il y avait aussi le vin de mon père à table. C’était assez drôle. J’adore le restaurant Caviar Kaspia où je retrouve tous mes copains, c’est toujours un peu la fête. J’aime aussi le restaurant L’Epuisette dans le 9e arrondissement. Il y a aussi mon bar préféré, La Coquille dans le 1e arrondissement, un petit couloir tout rouge avec des miroirs que je connais depuis 10 ans. J’y rigole, on y est tranquilles, c’est un peu mon QG. Je sors surtout dans le 1e, le 9e, le 10e : là où il y a de nouveaux restaurants cools qui bougent, de jeunes chefs français qui font des choses géniales et une cuisine abordable
  • Tu es plutôt actif sur Instagram entre ton compte personnel et celui hyper créatif que tu as développé pour Air Brigitte. Qu’est-ce que tu suis sur les réseaux ? Je like un peu par hasard sur Instagram. Je ne saurais même pas dire ce que je regarde, je le fais un peu de manière boulimique, sans trop d’intérêt. Je pense qu’on arrive à la fin des réseaux sociaux, comme pour les blogueuses.  On est devenus un peu boulimiques d’images sur les écrans et on ne retient plus rien. C’est peut être un peu utopique mais je crois en un retour du papier. Une image est beaucoup plus jolie et intense sur papier que sur internet. Quand on crée une image sur papier, on crée surtout un objet et l’objet en soi est hyper important. Je pense qu’on atteint une nouvelle ère où on revient à des vraies valeurs .

Photographe: Sandra Fourqui

Styliste: Karine Martins

Make-up & hair: Aziza

Remerciements: Hôtel De Crillon

Hugomatha.com

airbrigitte.com


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