En cour de lecture
Mélanie Thierry : Ancrage et profondeur   

Mélanie Thierry : Ancrage et profondeur   

Elle a les yeux perçants et le regard qui tue. Du haut de son mètre soixante, Mélanie Thierry a l’étoffe et la froideur des grandes stars. Dans une époque qui plébiscite une bienveillance mièvre, sa personnalité dénote. Son franc parler, son intolérance à ce que peut représenter une promo font d’elle un personnage à contre-courant. Une allure angélique pour un tempérament de feu. Celle qui se définit comme venant du terroir préfère l’adjectif déplacée à la locution galvaudée de transfuge de classe. D’ailleurs l’actrice protéiforme se déplace beaucoup, capable d’osciller entre grand spectacle et cinéma d’auteur. Trois films prochainement à l’affiche. Mélanie incarne tour à tour une bourgeoise du XIXème siècle, rebelle contre l’ordre établi (Captives), une femme en quête de son couple exposé au naufrage (Soudain seuls) ou une prostituée ukrainienne qui recueille un enfant juif pendant la seconde guerre mondiale (La chambre de Mariana). Film qui signe ses retrouvailles avec Emmanuel Finkiel et pour lequel elle a appris l’ukrainien avec dévotion durant de longs mois. Mélanie travaille sans relâche et se nourrit de l’histoire pour être libre dans son jeu. Pas question pour autant de piller l’intimité de ses personnages s’ils existent. « Je n’ai pas besoin de poser des questions à une combattante kurde pour l’être. »

Si elle prend, elle donne en échange, créant ainsi une dialectique de l’incarné et de l’incarnant. La diversité des rôles qu’elle occupe prouve à elle seule qu’il n’est nul besoin d’être ou d’avoir été pour vous raconter une histoire plus vraie que nature.  

Seuls comptent la narration et l’art de raconter. 

Rencontre avec une personnalité au charme discret, dénudée de faux semblants.     

Manteau Barbara Bui, Soutien-Gorge Eres et Collier « So Move » Or & Diamants Messika

Cherchez-vous à être au plus près du réel pour aborder un rôle, vous rendre sur les lieux, questionner : c’est quelque chose que vous faites ? 

J’ai trop de pudeur pour aller questionner. Quand je travaille sur la psychiatrie à l’époque de Charcot, je ne vais pas l’hôpital psychiatrique pour rencontrer des malades, savoir pourquoi ils sont là et si on les soigne bien. Pourtant lorsque Stéphane Cazes m’a demandé d’aller en prison avec lui pour son film (Ombline) je l’ai suivi. C’était important pour lui, c’était son histoire, il donnait des cours en prison depuis de nombreuses années et a voulu en faire quelque chose pour rendre un peu de ce qu’il avait reçu. De la même façon, j’y suis allée en donnant des cours. Intervenir tous les jours 4h pendant un mois, c’est une démarche. C’est important pour moi que ce soit un échange et que ça puisse apporter quelque chose. Je ne suis pas là pour éveiller le monde, mais raconter une histoire par le biais d’un film. 

Chemise et Cravate Valentino

Pas besoin de « vivre la vie » du personnage …  

Non en revanche il faut s’intéresser, se cultiver. Dans « Captives », j’incarne une bourgeoise qui rentre à la salpêtrière et je suis tout, sauf une bourgeoise. Je n’en ai ni les codes, ni l’éducation, ni le savoir-vivre. Je parle très vite et lorsqu’on regarde mes mains, il n’y a pas de doute, je suis du terroir. Des Pallières (le réalisateur) m’a fait découvrir les journaux intimes de ces bourgeoises de l’époque. Des femmes qui se dressent contre la société, leurs parents et la bien-pensance. En apparence tout file droit, mais lorsqu’elles rentrent dans leur chambre, elles ont besoin de cracher, de vomir … j’ai trouvé ça très intéressant pour mon personnage. Je me suis également nourrie de cours de danse classique et de chant, cela donne de la rigueur. Une façon de se prendre au jeu. Il n’était pas question que je chante pour de vrai dans le film, je chante comme une casserole (Rire) mais chanter tous les jours pendant des mois permet de comprendre comment fonctionne la respiration. 

Tout ce travail de préparation permet d’être libre et très présente au moment du tournage afin de laisser circuler les émotions. 

Veste de smoking Valentino et Soutien-Gorge Eres

« Je crois que le travail est le remède en toute chose. Du travail émane la satisfaction et l’on se sent beaucoup plus en possession de ses moyens »

Cette préparation en amont permet le lâcher prise au moment du tournage ? 

Oui c’est essentiel, parce que si j’ai moins d’assise, de technique, je me sens plus fragile. Et tant qu’on n’a pas abordé quelque chose, qu’on n’est pas rentré dans le travail, on a toujours de l’appréhension. On saute dans l’inconnu et il y a toujours un moment de vertige, va-t-on y arriver, la peur de décevoirJe crois que le travail est le remède en toute chose. Du travail émane la satisfaction et on se sent beaucoup plus en possession de ses moyens, c’est valable pour tout le monde. Certes il y a le travail en amont, mais après il faut être disponible pour son metteur en scène, sa direction, cela ne me gêne pas de refaire une prise 40 fois à partir du moment où je comprends le travail du metteur en scène. J’ai besoin de savoir où il va pour le suivre. Ensuite il faut rester perméable aux autres acteurs. On ne peut pas juste se mettre dans une bulle au moment où on tourne sous prétexte de jouer un personnage. Ça reste quand même un sport d’équipe, je crois.  

Veste Alamelu et Chemise en denim Skall

Manteau Barbara Bui, Soutien-gorge Eres , Pantalon Denim Comptoir des cotonniers, Collier & bracelet « So Move » or & diamants Messika et Bottines Roger Vivier

« Je ne suis pas là pour éveiller le monde, mais raconter une histoire par le biais d’un film. »

To be continued dans la numéro du Libertys Magazine…

Artiste : Mélanie Thierry @melaniethierry

Photographe : Sandra Fourqui @sandrafourqui

Styliste : Etienne Jeanson @jnsn_fashion @etiennejeanson

Maquillage : Céline Charpentier c/o l’atelier 68 @celine_charpentier

Coiffure : Raynald Croix Bernard @raynald.croix.bernard

Assistant photo : Jean-Baptiste Pereira @pereira.jb

Prod & vidéos backstage : Céline Maarek @celinemaarek

Remerciements : à l’hôtel Brach @brachparis & à l’agence Karin Models Paris @karinmodels_official

Veste de smoking Valentino & Bob de pluie Lastelier


© 2021 Libertys Magazine. All Rights Reserved. | Création : Agence Phyness Logo Phyness

Revenir en haut